
Le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile apparaît comme un levier d’avenir en Bretagne, avec près de 33 000 postes à pourvoir d’ici 2035. Pour structurer et dynamiser ce secteur, IPERIA, France Travail, la Fepem et Cheops Bretagne ont signé une convention triennale dont les objectifs sont de renforcer l’attractivité, sécuriser les relations d’emploi et professionnaliser les métiers. Agir de manière coordonnée, organisée, avec les expertises de chaque partenaire, telle est la clé de cette mobilisation territoriale au service des familles, des personnes âgées, dépendantes ou en situation de handicap.
Un partenariat en faveur de l’emploi à domicile en Bretagne
« Nous avons besoin de proximité. L’action nationale n’est rien si nous ne sommes pas mobilisés sur les territoires » : le 1er octobre dernier, à Lorient, Nadège Turco, Directrice déléguée d’IPERIA, a signé une convention de partenariat avec Angélique Goodall, Directrice régionale de France Travail Bretagne, et Georges Baudinat, Président de la délégation de Bretagne de la Fepem – Fédération des particuliers employeurs de France.
Cheops Bretagne est également partenaire de cette convention d’une durée de 3 ans, qu’IPERIA cosigne dans le cadre de sa mission déléguée pour la branche du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile, et qui vise plusieurs objectifs : renforcer l’attractivité du secteur en Bretagne, sécuriser les relations d’emploi et soutenir la professionnalisation des métiers.
Pour Angélique Goodall, « ces conventions sont concertées en amont et en aval, conçues à partir du terrain. Nous posons un diagnostic et réfléchissons sur une action commune. C’est tout l’objet de la convention : se donner des axes forts, des engagements ».
Emploi à domicile : un secteur stratégique pour l’avenir de la Bretagne
Lors de la matinée d’échanges, d’ateliers et de tables rondes, Véronique Lagandré, Responsable des études pour la Fepem, a dressé le panorama actuel et à venir du secteur en Bretagne, observé à travers d’études, de sondages, etc. Ainsi, en 2025, le secteur représente 206 207 particuliers employeurs et 62 825 salariés. 13,4% des ménages de la région recourent à l’emploi à domicile (le niveau national est autour de 12%).
Sur le territoire breton se dessinent des enjeux spécifiques pour les familles, les personnes âgées, dépendantes ou en situation de handicap : le vieillissement de la population, la possibilité du maintien à domicile en zones rurales, les nombreux départs à la retraite d’assistants maternels.
Quant aux projections, elles motivent une action coordonnée et rapide : 32 643 emplois à pourvoir d’ici 2035 en Bretagne.
Des actions concrètes déployées et à venir sur le territoire breton
Lors de sa prise de parole, Georges Baudinat, Président de la délégation Fepem Bretagne, a inscrit cette signature dans le contexte de La Route du Dom, lancée en 2022, et dont l’objectif est d’assurer, à l’horizon 2030-2035, la présence de salariés en nombre suffisant pour répondre, dans la région, aux besoins croissants des particuliers employeurs. La signature à Lorient est une des étapes très importantes pour l’avenir. Il a ajouté : « Le pays de Lorient fait partie de ces lieux où pas mal de choses bougent. Avec les organismes de formation, avec les interlocuteurs de France Travail, avec des collectivités locales autour des enjeux de l’emploi à domicile et des besoins du territoire. Sans oublier les structures mandataires qui accompagnent les particuliers employeurs, très bien implantées dans la région ».
Il a rappelé d’autres initiatives importantes mises en place depuis 3 ans parmi lesquelles une action de formation destinée à la petite enfance en Cornouaille (sud Finistère), la montée en puissance de France Emploi Domicile auprès des salariés et employeurs, mais également l’expérimentation lancée en 2024 à Lorient sur le futur titre « Auxiliaire Entretien du Cadre de Vie » (AECV), dont la mission a été déléguée à IPERIA en partenariat avec France Travail et l’organisme de formation Agora Services.
Un retour concret sur la certification « Auxiliaire Entretien Cadre de Vie »
La journée d’échanges a d’ailleurs permis un retour concret sur l’expérimentation bretonne autour du titre « Auxiliaire Entretien Cadre de Vie » portée par la Branche et dont IPERIA est le certificateur. Sophie Pannetier, la Directrice Formation et Emploi chez AGORA Services, a rappelé que la formation des apprenants est constituée de 35h de stage, 140h de formation, 14h d’accompagnement individuel et 3h d’évaluation. Sophie Pannetier a insisté sur la nécessité, à l’issue de ce programme, d’enclencher des « démarches vers le secteur des particuliers employeurs, afin que la personne se sente suffisamment autonome pour gérer elle-même ses relations professionnelles ». À ses côtés, Dehbia, une apprenante, a apporté son témoignage, expliquant qu’avant cette expérimentation, elle n’avait jamais fait d’études ni travaillé. Aujourd’hui en emploi, elle a confié : « Ma vie a changé. Je suis fière aujourd’hui d’exercer un métier très riche humainement ». « Ce témoignage met du sens dans nos actions » a ajouté Christine Stangacciu, partenaire du dispositif au nom de France Travail.
Innovation et professionnalisation : des leviers forts activés par la branche
En écho à ces témoignages, Nadège Turco a rappelé la politique ambitieuse de la branche du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile, mise en œuvre par IPERIA dans le cadre de sa mission déléguée.
Elle a souligné la nécessité de ce type d’expérimentation : « L’innovation est le chromosome 1 du secteur, indispensable pour faire grandir les métiers, accompagner les salariés, en faire des professionnels, et apporter une réponse aux besoins des particuliers employeurs ». Nadège Turco a rappelé que « 30 années de réflexion sectorielles ont permis aujourd’hui de s’appuyer sur la force du triptyque « accompagnement, compétences, individualisation ». La dernière incarnation en date étant l’offre orientation et évolution professionnelle sectorielle (COEPS) ».
La Directrice déléguée d’IPERIA a ajouté que « le secteur a construit une vraie filière professionnelle qui tourne autour de 10 certifications, dans laquelle un (futur) salarié peut entrer à tous les niveaux et progresser, que ce soit par la formation ou par la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE). Cette évolution est rendue possible car elle est accessible à tous les dispositifs de prise en charge comme, par exemple, le plan de développement des compétences de la branche ». Des dispositifs tournés vers l’emploi, auxquels on peut ajouter les Relais Assistants de Vie (RAVie).
Des axes stratégiques partagés avec le national
Ces stratégies concrètes, associées à l’expertise des partenaires signataires de la convention, doivent permettre au territoire breton de bénéficier des 4 grands axes de la collaboration déjà déployés ailleurs en France : le recrutement, l’attractivité, la professionnalisation et le retour à l’emploi.
Angélique Goodall a préconisé d’« aller au-devant de toutes les personnes pour les informer, d’aller aussi vers de nouveaux publics, pour leur dire qu’ils peuvent bénéficier de services gratuits, et que nos actions sont inédites et ont un impact sur le terrain ». Pour conclure son propos, elle a indiqué : « L’objectif est le plein emploi et de faire en sorte que la société puisse s’épanouir. Pouvoir prendre soin de l’autre et faire se rencontrer les besoins ».
Nadège Turco a rebondi en soulignant : « Nous y arriverons s’il y a deux réalisations : que tous les conseillers puissent comprendre et présenter le secteur et qu’ils aient ainsi la possibilité de proposer des parcours adaptés ».
Pour conclure, Georges Baudinat a émis le souhait « que le secteur soit connu et reconnu, que le cap soit maintenu dans cette relation humaine très forte entre particulier employeur et salarié. Nous faisons le pari de cette intelligence relationnelle ».