L’offre de certification et de formation 2021, conçue par IPERIA pour le compte des branches professionnelles du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile, est le fruit d’un travail de plus d’un an et demi (et ce n’est pas fini !). Elle a vocation à professionnaliser les demandeurs d’emploi désireux d’intégrer ce secteur et les salariés déjà en poste que sont les assistants de vie, employés familiaux, gardes d’enfants et assistants maternels. Alors qu’elle est sur le point d’être révélée au grand public sur www.iperia.eu, en avant-première, Marie Légrésy, responsable du service ingénierie de formation, et Valérie Gabillard, coordinatrice du service ingénierie de certification, nous embarquent dans les coulisses de cette offre largement renouvelée.
Comment se construisent certification professionnelle et offre de formation ?
Marie : L’arrivée de France Compétences a bouleversé l’univers de la formation professionnelle en 2018. Il nous faut prendre en compte cette nouvelle instance et assimiler sa doctrine : réfléchir par l’activité et non par la compétence afin de s’assurer de la cohérence entre la formation et la mise en œuvre en emploi, ce qu’on appelle la valeur employable.Valérie : La construction d’un référentiel d’activités et de compétences (REAC)[1] est le préalable à toute formation ou certification. Les équipes ingénierie de certification et de formation travaillent en synergie pour aboutir à une offre cohérente et adaptée aux besoins des salariés du secteur. C’est un travail d’équipe. D’un côté, les RTC (ndlr : référents territoriaux à la certification) posent les activités suivant la méthodologie préconisée par France Compétences. De l’autre, les RTF (ndlr : référents territoriaux à la formation) s’attèlent à la réflexion sur la formation, dans sa dimension académique. Pour que chacun s’imprègne bien des sujets, les temps d’échange interservices sont nombreux.
Marie : Ensuite, nous devons tenir compte des problématiques à l’échelle d’IPERIA ou du secteur et s’assurer de la cohérence entre les certifications (titre, blocs) et l’offre de formation modulaire. On a la volonté de professionnaliser des salariés avec un temps et des disponibilités restreintes. Ils doivent pouvoir mobiliser leur plan de développement des compétences, crédité de 58 heures par an, sur les formations et certifications que l’on propose. L’enjeu de la volumétrie horaire est capital.
Valérie : Et puis, il y a tout un travail sur le contenu bien sûr. C’est à chaque fois une remise en question, une remise à plat de l’existant. L’offre émane des besoins du terrain, qui évoluent nécessairement, et il faut s’adapter. Il s’agit pour les équipes de reprendre l’offre existante, de faire une étude globale de tout ce qui était proposé dans un premier temps.
Plus précisément, comment s’articule ce travail d’équipe ?
Valérie : Les RTC réalisent des études métiers, mettent en place des focus groups auprès des salariés et des particuliers employeurs pour sonder les réalités des métiers, les nouveaux besoins… Nous faisons aussi appel à des experts et intégrons la volonté des branches dans notre réflexion.Marie : En parallèle, les RTF font de la veille sur les évolutions des métiers susceptibles d’avoir un impact sur la formation : recherche auprès des grandes écoles, tendances, études ministérielles…Ensuite, conjointement, dans le cadre d’un séminaire, les RTC et RTF émettent des hypothèses qui intègrent tous ces paramètres. Ce sont les prémices de l’offre… qui va s’affiner au fil de l’eau.La détermination précise des activités, puis l’écriture des compétences avec une dimension sémantique importante pour choisir les termes appropriés, ce qu’on appelle le « grain ». Pour définir un verbe et un contexte de mise en application, la compétence est déclinée en savoir-faire, savoirs et savoir-être.
Valérie : Côté évaluation, ce sont les RTC qui sont à la manœuvre. Au vu de notre connaissance des métiers, nous réfléchissons et déterminons l’évaluation la plus adaptée pour chaque bloc. Il y a 3 modalités dans les 3 titres : la mise en situation professionnelle, l’étude de situation professionnelle numérique et l’étude de situation professionnelle écrite en lien avec les situations professionnelles qui seront réellement vécues au quotidien par les apprenants qui exerceront bientôt leur métier.
Quelles sont les compétences métier nécessaires en ingénierie de formation ou de certification ?
Marie : Pour les RTF, deux grandes compétences sont nécessaires. Une compétence d’ingénierie de formation, c’est-à-dire savoir réfléchir à une méthodologie, décomposer, décliner les compétences pour s’assurer que la personne sait faire, en pleine conscience, que la technique est maîtrisée. Il faut identifier les besoins et les retranscrire en objectifs de formation, définir la volumétrie horaire adaptée et la méthodologie adéquate, ce qu’on appelle l’ingénierie pédagogique. Mais les RTC ne travaillent pas en vase clos. Ils sont à l’écoute, à l’affût des évolutions. Non seulement ils s’intéressent aux métiers et à leur évolution, mais ils font aussi de la veille sur « Quoi apprendre et comment on apprend ». Quelles sont les méthodes, les moyens d’acquisition et comment les retranscrire ? Cette veille est tout aussi importante car il faut savoir s’adapter en permanence.Valérie : En tant que RTC, les compétences métier nécessaires sont l’ingénierie de formation et l’ingénierie de certification, car oui ce sont bien deux compétences complémentaires. Il nous faut connaître les métiers et leurs évolutions à travers de l’observation sur le terrain, de la veille, du benchmark. Il faut aussi savoir revêtir plusieurs costumes pour ajuster la certification et l’évaluation à la réalité des situations professionnelles vécues au domicile, au niveau attendu et à la réalité de l’organisme de formation.
[1] Le « Référentiel Emploi Activités Compétences » (REAC) est un document public à caractère règlementaire. Il décrit un emploi-type et donne une représentation concrète des activités et des compétences professionnelles regroupées en blocs de compétences dans un but de certification. C’est ce document qui permet aux organismes de formation d’élaborer un programme de formation et une ingénierie pédagogique pour préparer les candidats à un examen du titre à finalité professionnelle.
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LA CONSTRUCTION DE LA NOUVELLE OFFRE EN CHIFFRES :
2 700 personnes interrogées : salariés, particuliers employeurs, membres de jury, experts sur des thématiques spécifiques en lien avec les métiers...
7 études menées : les métiers, les « soft skills », les compétences numériques et la domotique, les compétences « vertes », la gouvernance, le care…
19 mois de travail (et ce n’est pas fini !), de mai 2019 à novembre 2020.
75% de l’offre existante a été remise à plat pour répondre toujours mieux aux besoins des (futurs) salariés et des particuliers employeurs.