Depuis 2010, les assistants maternels agréés ont la possibilité de se regrouper et d'exercer leur métier en dehors de leur domicile, dans des locaux appelés "Maisons d'assistants maternels" (MAM). Même si leur part dans l’offre d’accueil reste faible pour le moment, elles sont en plein essor. Mais, entre des projets de création qui n’aboutissent pas et des MAM qui s’éteignent rapidement, la question de la professionnalisation est posée depuis plusieurs années. IPERIA propose aujourd’hui une réponse adaptée avec le CQP « Travailler en MAM », déposé au Répertoire Spécifique et actuellement expérimenté sur plusieurs territoires.
Qu’est-ce qu’une MAM ?
Une maison d'assistants maternels permet à quatre assistants maternels au plus d'accueillir chacun un maximum de quatre enfants simultanément dans un local garantissant la sécurité et la santé des enfants. Pour pouvoir exercer dans une MAM, chaque assistant maternel concerné doit être titulaire d'un agrément spécifique délivré par le Conseil départemental. Au même titre que pour l’accueil à domicile, il est salarié du parent qui l'emploie.Cette nouvelle formule d'accueil est généralement créée par des assistants maternels souhaitant exercer différemment leur métier ou rompre l'isolement de l'exercice à domicile. Concrètement, la solution alternative de l’accueil en MAM comporte plusieurs avantages :
- Pour les enfants : des espaces de jeux et des possibilités d’expérimentation des liens sociaux plus importants
- Pour les parents : une amplitude horaire plus importante, une souplesse de l’accueil et une possibilité de délégation d’accueil permettant les remplacements et par conséquent, une continuité d’accueil sur un même lieu
- Pour les assistants maternels : une externalisation de leur travail hors de leur domicile, comprenant un partage des compétences et un travail en équipe
L’essor des MAM, entre fantasme et réalité
Dès 2005, les premières MAM voient le jour en Mayenne grâce à une collaboration étroite entre les services départementaux, la Caf et les acteurs associatifs. En 2010, une loi portant sur la création des MAM et sur diverses dispositions relatives aux assistants maternels autorise la création de ces structures sur l’ensemble du territoire. C’est ainsi que de nombreuses MAM fleurissent dans l’Hexagone. « Elles sont plébiscitées par les parents et elles attirent le public d’assistants maternels en offrant une modalité de travail qui rompt avec l’isolement au domicile. Elles constituent également une offre d’accueil complémentaire sur les territoires qui répond au maillage territorial souhaité par les acteurs publics. Les MAM sont particulièrement présentes dans les zones rurales. Elles participent ainsi à la dynamique territoriale en offrant une solution de garde attractive et en renforçant l’emploi salarié dans ces bassins », explique Marina Guimaraes Maria, responsable du service relations institutionnelles d’IPERIA.En 2015, 95 départements disposent de MAM, et parmi eux, 44 en possèdent plus de 10. Ces structures proposent ainsi près de 17 800 places, soit une progression de 32 % en un an[1]. Cependant, leur développement se fait parfois de manière anarchique et le succès n’est pas toujours au rendez-vous. En 2016, les acteurs publics prennent conscience de la nécessité d’accompagner le développement des MAM et proposent plusieurs outils à cet égard :
- un guide ministériel à l’usage des services de PMI (Protection Maternelle Infantile) et des assistants maternels
- une charte de qualité élaborée par la Cnaf
- une aide au démarrage versée par la Caf ou la Msa
Professionnaliser les MAM, une nécessité ?
La question de la professionnalisation fait l’unanimité depuis plusieurs années. Tout le monde s’accorde à dire que le développement des MAM doit être accompagné afin de pouvoir renforcer la qualité de l’accueil des enfants et favoriser la pérennisation des structures. En témoigne un rapport de 2016 publié par le Sénat qui pointe que « la formation initiale […] n’aborde pas spécifiquement la question de l’exercice en MAM. […] En matière de formation continue, il existe une réelle demande de la part des professionnels. Il est nécessaire de renforcer la formation des assistants maternels, dans une optique de professionnalisation. »De son côté, le Haut Conseil de la Famille, de l'Enfance et de l'Age (HCFEA) recommande en 2018 de « soutenir l’amélioration des qualifications permettant la disponibilité physique et relationnelle ainsi que la motivation pédagogique des professionnels s’occupant des enfants et assurant un lien de qualité avec les familles. » Quant aux acteurs publics sur les territoires, ils font état d’un risque non négligeable d’échec à court ou moyen terme de certains projets, le manque de formation et de préparation étant les principales causes avancées.
« Tous ces éléments, appuyés par une analyse complémentaire, nous ont amenés à dresser le même constat », annonce Camille Savre, responsable du service ingénierie de certification d’IPERIA. En effet, depuis 1994, IPERIA, la plateforme nationale de professionnalisation de l’emploi à domicile, investit dans la reconnaissance des compétences, la connaissance, l’analyse et la prospective des métiers et qualifications du secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile. En parallèle, elle élabore, délivre et enregistre des certifications auprès de France compétences, notamment les trois titres de niveau III « Employé(e) familial(e) », « Assistant(e) de vie dépendance », « Assistant(e) maternel/ Garde d’enfants ».
Ces dimensions, et bien d’autres, lui permettent d’accompagner et de nourrir la réflexion des partenaires sociaux sur les pratiques et tendances en matière d’évolution des métiers. « C’est pourquoi, en novembre 2019, nous avons mené une enquête relative à l’analyse des besoins en compétences pour l’exercice du métier d’assistant maternel en MAM, auprès de 40 assistants maternels concernés, de professionnels et d’institutionnels accompagnant les MAM. Enquête dont les résultats viennent conforter cette nécessaire professionnalisation », poursuit Camille Savre.
Une conclusion soutenue par l’animation d’un groupe de travail, composé de huit experts, en janvier 2020 à Bordeaux, et l’analyse du module « Travailler en MAM » (14 heures) proposé depuis 2017 dans l’offre de formation prioritaire de la branche professionnelle des assistants maternels du particulier employeur.
Le CQP « Travailler en MAM » : une réponse adaptée
Fort de ces différents constats, IPERIA a conçu et déposé au Répertoire Spécifique en 2020 un certificat de qualification professionnelle « Travailler en MAM ». « Porté par la branche professionnelle des assistants maternels du particulier employeur, ce CQP a vocation à mettre en valeur cette activité pour les assistants maternels et acter leur professionnalisation dans une MAM », indique Camille Savre. Il prend ainsi en considération quatre différents enjeux :- Construire un projet solide de création de MAM
- Penser à la viabilité financière de la MAM
- Intégrer la dimension interpersonnelle au sein de la MAM
- Prendre en compte l’exercice du métier d’assistant maternel en collectif
Une pluralité de profils potentiels
Le CQP « Travailler en MAM » s’adresse aux professionnels de la petite enfance, mais aussi aux personnes en reconversion professionnelle et aux demandeurs d’emploi qui ont pour projet de créer une MAM ou de rejoindre une équipe en MAM et qui ont déjà une expérience en lien avec les enfants. « Il concerne également les assistants maternels qui exercent déjà en MAM et souhaiteraient approfondir leurs compétences », précise Camille Savre.Deux composantes et six compétences visées
Ce CQP donne aux candidats l’opportunité d’acquérir et valider les compétences suivantes, nécessaires à l’exercice du métier d’assistant maternel en MAM :- Conduire un projet de création d’une MAM
- Déterminer l'identité de la MAM et le cadre éducatif et participatif
- Mettre en œuvre des actions de pérennisation de la MAM
- Organiser le travail en équipe en MAM
- Communiquer en équipe en MAM
- Accompagner les enfants dans un cadre collectif
Un parcours de formation mixte de 112 heures
Pour le CQP « Travailler en MAM », la formation a été créée par l’Université du Domicile (UDD), partenaire d’IPERIA. Elle comprend six modules, auxquels s’ajoutent des temps d’accompagnement ponctuels : positionnement, suivi individualisé, analyse de pratiques, préparation des évaluations… Durée totale du parcours : 112 heures (hors stage facultatif).Au sein de l’UDD, le service ingénierie de formation, en collaboration avec la cellule digitale, a conçu pour ce parcours de formation des ressources pédagogiques multimédia (un journal de bord numérique, par exemple) et deux modules e-learning, constitutifs de la composante 1 :
- Démarche d’étude de besoins d’une MAM
- Gestion financière et plan de communication d’une MAM
Des expérimentations pour opérationnaliser le parcours de formation
En attendant la réponse de France Compétences, IPERIA a engagé une démarche d’expérimentation du CQP sur plusieurs territoires, toujours en partenariat avec l’Université du Domicile, afin d’opérationnaliser le parcours de formation. L’accueil des partenaires s’est avéré favorable. Des acteurs de la petite enfance, de l’emploi et de la formation ont fait part d’un vif intérêt à l’expérimentation de ce CQP auprès d’un public salarié et/ou demandeur d’emploi. L’objectif est double :- consolider les projets de MAM existants et réduire le risque d’échec
- augmenter les solutions d’accueil du jeune enfant, en renforçant l’offre locale
Ainsi, IPERIA a lancé en janvier dernier, en Gironde, la première expérimentation du CQP « Travailler en MAM » grâce à l’engagement du Conseil départemental et l’appui de deux organismes de formation sur ce territoire : Greta-CFA Aquitaine et Réseau Girondin Petite Enfance. 13 assistantes maternelles viennent d’achever leur parcours de formation. La commission de certification s’est réunie récemment. Soutenue également par le Conseil départemental, une deuxième expérimentation débute ce mois-ci en Ille-et-Vilaine avec des salariés qui exercent déjà en MAM ou ont ce projet. C'est l’ARIFTS qui assure la formation sur ce territoire. Au second semestre, IPERIA envisage de mener une autre expérimentation dans le Nord, auprès de demandeurs d’emploi cette fois, avec le concours du Crefo.
Cette phase expérimentale concrétise un an de travail sur le CQP « Travailler en MAM », dont l’aboutissement est proche. Les équipes de l’ingénierie de certification d’IPERIA et de formation de l’Université du domicile vont à présent évaluer les résultats des expérimentations et analyser si le contenu de formation, les modalités d’évaluation et les compétences identifiées sont en adéquation avec les objectifs visés, pour proposer des ajustements si besoin. En parallèle, IPERIA, avec les services relations institutionnelles et promotion, s’attèle à mobiliser d’autres partenaires susceptibles de s’engager sur d’autres expérimentations. A bon entendeur…
[1] https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/sites/default/files/er1030.pdf