Entre les départs à la retraite massifs des assistants de vie et le vieillissement de la population ces prochaines années, les besoins en emploi pour maintenir le niveau d’accompagnement à domicile des personnes âgées sont très importants. La professionnalisation des salariés du particulier employeur ou de personnes souhaitant intégrer le secteur est un enjeu majeur pour prévenir les risques à domicile, répondre aux besoins des personnes âgées et sécuriser leur accompagnement. Et ce, d’autant plus en période de crise sanitaire où ces publics sont fragilisés. Aussi, les acteurs du secteur se mobilisent. Ils ont créé en décembre 2020 le « parcours flash », dans la continuité du plan de recrutement et d’insertion de publics dans les métiers du grand âge. L’expérimentation de ce dispositif de proximité, en lien avec Pôle emploi, débute ce lundi 14 juin, en Normandie. Des demandeurs d’emploi vont suivre une formation certifiante courte en vue d’acquérir les compétences clés pour s’engager dans le métier d’assistant de vie, puis ils bénéficieront d’un accompagnement global incluant le relais assistant de vie pour poursuivre leur professionnalisation.
Assurer le maintien des personnes âgées à domicile demain…
Parmi les 2,2 millions de particuliers employeurs qui emploient un salarié, près de 1,1 million ont plus de 60 ans et parmi eux, 528 000 ont plus de 80 ans. Ils emploient respectivement 152 600 et 84 800 salariés en équivalent temps plein (ETP)[1]. Parmi ces particuliers employeurs, 134 000 (12,5%) perçoivent l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). L’accompagnement des personnes intervient majoritairement en amont des situations de dépendance.Les évolutions démographiques vont fortement impacter le secteur de l’emploi à domicile. En témoignent les résultats de l’étude prospective « Relever les défis de l’emploi, des métiers et des compétences d’ici 2030 » des branches professionnelles des assistants maternels et des salariés du particulier employeur, menée par IPERIA :
- 63 % des assistants de vie partiront à la retraite d'ici 2030, en considérant que l'âge légal de départ à la retraite soit maintenu à 62 ans. C'est donc 337 853 emplois d'assistants de vie qu'il faudrait remplacer d'ici 2030 pour maintenir un niveau d'accompagnement à domicile identique à celui de 2017[2].
- Du fait du vieillissement de la population, le nombre de particuliers employeurs âgés de 80 ans et plus va augmenter sur les vingt prochaines années. Les besoins d'assistance de ces personnes vont également s'accroître. Pour maintenir un niveau d'accompagnement des particuliers employeurs âgés de 80 ans et plus identique à celui de 2017, 65 411 emplois d'assistants de vie en ETP seraient nécessaires d'ici 2040. Les besoins en emploi pourraient s’accroître de 75% au niveau national d’ici 2040.[2]
… en formant des demandeurs d’emploi dès aujourd’hui
La professionnalisation des salariés du particulier employeur ou de personnes souhaitant intégrer le secteur est un enjeu majeur pour répondre aux besoins des personnes âgées et sécuriser leur accompagnement à domicile. Aussi, des dispositifs de proximité ont été mis en place afin de faciliter l’accès à la formation certifiante ou continue en lien avec des partenaires tels que Pôle emploi, la FEPEM et les conseils régionaux.
Dans le cadre de la crise sanitaire liée à la Covid-19 et pour répondre au besoin de recrutement en urgence pour les métiers du grand âge, le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile se mobilise à travers une expérimentation destinée aux demandeurs d’emploi : un parcours de formation intégré, de la qualification à l’accompagnement individualisé. « Grâce à un sourcing précis assuré par Pôle emploi, il s’agit de former un groupe de personnes motivées et opérationnelles qui puisse accompagner les particuliers employeurs en peu de temps », explique Marina Guimaraes Maria, responsable du service des relations institutionnelles pour IPERIA, qui porte ce projet auprès des acteurs emploi formation.
Concrètement, comment se déroule le « parcours flash » ?
Dans un premier temps, le demandeur d’emploi accède à une qualification « courte » en se formant sur une partie du titre de niveau III « Assistant de vie dépendance », inscrit au RNCP et dont IPERIA est le certificateur. Deux blocs de compétences équivalant à moins de 100 heures ont été sélectionnés pour leur capacité à offrir l’outillage nécessaire pour créer son activité professionnelle auprès de plusieurs particuliers employeurs et acquérir les compétences techniques au cœur du métier d’assistant de vie. L’ajout d’un troisième bloc est envisageable en fonction du profil du demandeur d’emploi, sans toutefois dépasser les 150h de formation.Dans un second temps, une fois qualifié et salarié auprès d’un particulier employeur, l’assistant de vie est invité à intégrer une formation dans le cadre de son plan de développement des compétences au sein d’un « relais assistants de vie » (RAVie) : dispositif structuré autour de cinq séances de trois heures, soutenu par la CNSA, qui facilite la mise en réseau des professionnels et renforce la connaissance du métier.
Ce parcours de formation permet un accompagnement sur-mesure de la personne : l’orientation par Pôle emploi vers les conseillers formation d’IPERIA dès le démarrage vise à définir, avec chaque personne, son projet professionnel et à identifier ses besoins à court, moyen et long termes. Un référent désigné suit la personne tout au long de son parcours et l’accompagne dans la poursuite de sa qualification vers l’obtention d’un titre complet par la formation ou la validation des acquis de l’expérience.
Au quotidien, le salarié peut valoriser ses compétences grâce à son passeport professionnel, continuer à les développer et maintenir le lien avec ses pairs avec l’application RAVie.
Premières expérimentations sur les territoires pour lancer le dispositif
Un accord de financement a été conclu avec Pôle emploi Normandie pour l’expérimentation de six parcours flash. Les premières formations seront dispensées du 14 juin au 8 juillet par Via Formation, organisme de formation labellisé IPERIA. Elles accueilleront treize demandeurs d’emploi à Caen (Calvados), onze à Forges-les-Eaux (Seine-Maritime) et huit à Alençon (Orne). D’autres pistes sont explorées actuellement par les services relations institutionnelles et promotion pour de futures expérimentations, notamment dans la Vienne.[1] Source : rapport de Branche 2019 / Baromètre des emplois de la famille n°27 « L’accompagnement des personnes âgées à domicile » http://www.fepem.fr/barometre-de-l-observatoire-des-emplois-de-la-famille/
[2] Source : étude prospective « Relever les défis de l’emploi, des métiers et des compétences d’ici 2030 » des branches professionnelles des assistants maternels et des salariés du particulier employeur, menée par IPERIA – 2021.